Les putschistes s'installent à la tête du Niger
Tout comme Dadis Camara et ses camarades auteurs de crimes contre l’humanité à conakry, les militaires s’installent au Niger, la communauté internationale à commencer par les clubs de chefs d’état de la CEDEAO et de l’UA ainsi que la communauté internationale qui leur emboitent le pas, condamnent. Mais au-delà de l’hypocrisie se débarrasser de Mamadou Tandja est une action positive. C’est difficile de condamner un coup d’état pour enlever le pouvoir des mains d’un dictateur. Les militaires niériens ont promis de restaurer la démocratie, nos sommes tous témoins. Soyons toutes oreilles tendues partout dans le monde parce qu’en dernier ressort ce seront tjrs les memes qui vont trinquer.
« Le portail du palais présidentiel de Niamey est détruit. Une porte béante apparaissant comme un symbole au lendemain du putsch qui a renversé le président Mamadou Tandja. Le Conseil suprême pour la restauration de la démocratie, une junte militaire, a pris les rênes du pays. Ce conseil, aux contours encore flous, est mené par le chef d’escadron Salou Djibo. Cet officier, peu connu des Nigériens, était jusqu’alors le chef la Compagnie d’appui, un corps disposant de tout l’armement lourd du pays et véritable cheville ouvrière du coup d’État. Vendredi, Mamadou Tandja était retenu dans les locaux de ce bataillon.
Mais l’armée, pilier de la société au Niger, soutient dans son immense majorité ce passage en force. Signe de cette unanimité, aux côtés de Salou Djibo, se trouvent le colonel Djibril Hamidou, dit «Pelé», et le colonel Abdoulaye Amadou Harouna, considéré comme le véritable chef des putschistes. «Ces deux officiers sont des soldats très respectés par leurs hommes et par la population», souligne Moussa Aksar, le directeur du journal L’Événemen t.
Niamey ne montrait d’ailleurs vendredi nul signe de panique. «La population est satisfaite que tout se soit passé dans un certain calme», affirme Moussa Aksar. Le couvre-feu, instauré jeudi soir, a été levé. Les membres du gouvernement, capturés lors du coup d’État, devaient être libérés vendredi.
Au Niger, tous ou presque s’attendaient à un mouvement d’humeur des militaires. Depuis huit mois, le pays vivait une grave crise politique. Une crise née de la volonté de Mamadou Tandja, 71 ans, de s’accrocher au pouvoir coûte que coûte.
Des critiques modérées
Au terme de ses deux mandats et de dix ans de règne, le président avait dissous le Parlement et la Cour constitutionnelle puis organisé un référendum constitutionnel lui permettant de rester à la tête du pays trois ans de plus. L’Union européenne avait suspendu son aide, des fonds indispensables pour le Niger, l’un des pays les plus pauvres du monde. La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) s’était aussi montrée menaçante. La semaine dernière, les ultimes négociations au Nigeria pour trouver une solution à la crise, avaient conduit à une impasse. «Des tensions semblaient inévitables», souligne un diplomate qui s’avoue néanmoins surpris «par la rapidité du scénario».
La communauté internationale, France, États-Unis et Cédéao en tête, tout en condamnant le putsch, a modéré ses critiques en évitant de demander un retour de Tandja aux affaires. Ses opposants se sont dits «soulagés». Même le parti du président nigérien renversé a implicitement entériné le coup en appelant les militaires à se montrer «équitables et justes» et à mettre en place «les conditions d’une transition (…) démocratique».
La présence de «Pelé» et d’Harouna parmi les putschistes n’est pas pour rien dans ce relatif optimisme. En 1999, ils avaient déjà renversé le pouvoir en place. Par un curieux retournement de l’histoire, c’est cette junte qui avait permis l’élection démocratique de Mamadou Tandja. Les nouveaux maîtres du Niger, troisième producteur mondial d’uranium, ont aussi pris soin de rassurer les investisseurs, à commencer par Areva. Vendredi, l’armée a annoncé la création d’un «conseil consultatif», composé notamment de hauts fonctionnaires. »