Monde: Journée mondiale du migrant et du réfugié
C’est une journée qui semble ne pas retenir l’attention en dehors de l’Église catholique romaine. A sa création en 1914 à l’initiative du pape Benoît XV, la « Journée de l’Émigré » devait être à une date fixée librement par chaque diocèse. Mais depuis novembre 2004, la date de la célébration a été unifiée et elle est « Journée mondiale du migrant et du réfugié », qui a pour objectif de rendre les Chrétiens conscients de leurs devoirs et responsabilités envers les migrants et des réfugiés. Elle doit être célébrée chaque 3° dimanche de janvier. En 2013 ce sera le 13 janvier. Que l’on soit chrétien ou pas, on ne peut pas ne pas partager la déclaration de Benoît XVI à la veille de la célébration du 98 anniversaire de cette date décrétée par son illustre prédécesseur :
Je faisais référence aussi aux millions d’hommes et de femmes qui, pour diverses raisons, vivent l’expérience de la migration. En effet, les flux migratoires sont un phénomène impressionnant en raison du nombre de personnes qu’il concerne, des problématiques sociale, économique, politique, culturelle et religieuse qu’il soulève, à cause aussi du défi dramatique qu’il lance aux communautés nationales et à la communauté internationale, car tout migrant est une personne humaine qui, en tant que telle, possède des droits fondamentaux inaliénables qui doivent être respectés par tous et en toute circonstance ».
C’est ce qu’on peut lire dans le document du Pape publié en avance le 29 octobre par le Vatican Information Service (VIS), le service d’information de la Salle-de-Presse du Saint-Siège, sous le titre de « Migrations, pèlerinage de foi et d’espérance« , pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié 2013 (13 janvier), qui ajoute:
Le droit de la personne à émigrer, comme le rappelle la constitution conciliaire Gaudium et Spes, est inscrit au nombre des droits humains fondamentaux, avec la faculté pour chacun de s’établir là où il l’estime le plus opportun pour une meilleure réalisation de ses capacités, de ses aspirations et de ses projets. Dans le contexte socio-politique actuel, cependant, avant même le droit d’émigrer, il faut réaffirmer le droit de ne pas émigrer, c’est-à-dire d’être en condition de demeurer sur sa propre terre, répétant avec Jean-Paul II que le droit primordial de l’homme est de vivre dans sa patrie. Un droit qui ne devient toutefois effectif que si l’on tient constamment sous contrôle les facteurs qui poussent à l’émigration.Aujourd’hui, en effet, nous voyons que de nombreuses migrations sont la conséquence d’une précarité économique, d’un manque de biens essentiels, de catastrophes naturelles, de guerres et de désordres sociaux.
A la place d’une pérégrination animée par la confiance, par la foi et par l’espérance, migrer devient alors un calvaire pour survivre, où des hommes et des femmes apparaissent davantage comme des victimes que comme des acteurs et des responsables de leur aventure migratoire. Ainsi, alors que certains migrants atteignent une bonne position et vivent de façon digne, en s’intégrant correctement dans le milieu d’accueil, beaucoup d’autres vivent dans des conditions de marginalité et, parfois, d’exploitation et de privation de leurs droits humains fondamentaux, ou encore adoptent des comportements nuisibles à la société au sein de laquelle ils vivent. Le chemin d’intégration comprend des droits et des devoirs, une attention et un soin envers les migrants pour qu’ils aient une vie digne, mais aussi, de la part des migrants, une attention aux valeurs qu’offre la société où ils s’insèrent ».
Ces paroles du Pape ne sont pas sans rappeler la Charte mondial des Migrants- Proclamée à Gorée (Sénégal) le 4 Février 2011que publie le site du Collectif D’ailleurs nous sommes d’ici, de Dijon, dans laquelle on peut lire:
Toute personne, sans exclusion, a le droit de se déplacer librement de la campagne vers la ville, de la ville vers la campagne, d’une province vers une autre. Toute personne a le droit de pouvoir quitter n’importe quel pays vers un autre et d’y revenir.Toutes dispositions et mesures de restriction limitant la liberté de circulation et d’installation doivent être abrogées (lois relatives aux visas, laisser-passer, et autorisations, ainsi que toutes autres lois relatives à la liberté de circulation).Les personnes migrantes du monde entier doivent jouir des mêmes droits que les nationaux et citoyens des pays de résidence ou de transit et assumer les mêmes responsabilités dans tous les domaines essentiels de la vie économique, politique, culturelle, sociale et éducative. Ils doivent avoir le droit de voter et d’être éligible à tout organe législatif au niveau local, régional et national et d’assumer leurs responsabilités jusqu’à la fin du mandat.
D’autre part, Cecilia Malmström, commissaire européenne aux affaires intérieures, a déclaré dans une interview au quotidien français Le Monde, soulignait l’importance de l’immigration pour la vieillissante Europe:
On estime qu’en 2030, sans nouvelle immigration, la population européenne en âge de travailler aura diminué de 12 %. Des chefs d’entreprise me confient régulièrement leur difficulté à recruter des gens qualifiés alors même que le chômage est au plus haut. L’Allemagne manque d’ingénieurs ; d’ici à 2020, le secteur européen de la santé devrait manquer de 2 millions de personnes.
A cette occasion, le site zenit.org publie un article dans lequel Anita Bourdin analyse des données sur les migrations provenant de plusieurs sources dont l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) selon lesquelles le nombre de migrants à travers le monde aurait diminué. Les flux migratoires vers les pays développés se sont ralentis au cours de la crise et des années suivantes :
le nombre des migrants entrés au Etats-Unis est passé de 1.130.818 personnes en 2009 à 1.042.625 en 2010; au Royaume uni, le nombre est tombé de 505.000 en 2008 à 470.000 en 2009; la situation en Espagne est caractérisée par une diminution de 692.228 personnes entrées en 2008 à 469.342 en 2009, tandis qu’en Suède, il y a eu une diminution de 83.763 en 2009 à 79.036 en 2010; en Nouvelles Zélande, de 63.910 en 2008 à 57.618 en 2012.Cependant il y a des inversions notables des mouvements migratoires et le nombre des migrants internationaux est resté fondamentalement inchangé : en 2010, le nombre des migrants internationaux dans le monde est estimé à environ 214 millions de personnes, une augmentation par rapport aux 191 millions de 2005. Ce chiffre représente 3% de la population mondiale totale.On estime en outre que le nombre des migrants de l’intérieur est de 740 millions de personnes : cela signifie qu’environ un milliard d’êtres humains (un septième de la population mondiale) est constituée de migrants.
En plus de cette date qui est principalement célébrée par les autorités religieuses et leurs fidèles à travers le monde, il y a la Journée Internationale des Migrants reconnue par la communauté internationale le 18 décembre qui a pour but de réaffirmer et de promouvoir les droits des migrants. Elle fait suite à une convention adoptée par l’assemblée générale des Nations unies le 18 décembre 1990, mais restée inapplicable faute de ratifications suffisantes. Pourtant les mouvements migratoires représentent un enjeu économique. En effet, les migrants contribuent à la création de richesse dans le pays d’accueil, mais aussi dans leurs pays d’origine. L’OIM fait savoir sur son site iom.int que:
- Les rapatriements de fonds ont connu une croissance exponentielle, passant de 132 milliards de dollars E.-U. en 2000 à quelque 440 milliards de dollars E.-U. en 2010, malgré un léger recul sous l’effet de la crise économique actuelle.11
- On considère que le montant réel des fonds rapatriés, y compris les rapatriements non enregistrés empruntant des circuits formels et informels, est nettement plus élevé.12
- En 2010, les principaux pays bénéficiaires de rapatriements de fonds enregistrés étaient l’Inde, la Chine, le Mexique, les Philippes et la France.13
- Les fonds rapatriés proviennent essentiellement des pays riches, en tête desquels arrivent les Etats-Unis (48,3 milliards de dollars E.-U. d’envois de fonds enregistrés en 2009), suivis par l’Arabie saoudite, la Suisse et la Russie.14
- la Côte d’Ivoire (2,4 millions)
- l’Afrique du Sud (1,9 million)
- le Ghana (1,9 million)