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La mort de Mbalia Camara et le temps des violences, selon André Lewin

Après les vifs incidents qui ont marqué la campagne électorale de 1954, d'incessantes bagarres opposent militants du PDG et adhérents du BAG

Ce billet est extrait du chapitre XIX de l’oeuvre que M. André Lewin, ancien ambassadeur de France en Guinée a consacré à son ami le tyran Sékou Touré intitulé Ahmed Sékou Touré (1922-1984) Président de la Guinée de 1958 à 1984.

Le 6 janvier 1955, le comité directeur du PDG, fort de 32 membres, élit en son sein un bureau exécutif dont Sékou Touré reste évidemment secrétaire général. Toutefois la situation n’est plus du tout la même qu’en 1952, lors de sa première élection. Le parti s’est fortement structuré, ses cadres se sont aguerris, les effectifs se sont multipliés, les campagnes d’adhésion ont produit d’excellents résultats, surtout en Basse-Côte. Mais si le temps de la clandestinité est révolu, celui de la violence est loin d’être terminé.

Après les vifs incidents qui ont marqué la campagne électorale de 1954, d’incessantes bagarres opposent militants du PDG et adhérents du BAG. Le 24 juillet 1954 (le prétexte en est un cortège du député Diawadou Barry qui passe devant le domicile de Sékou), le 25 juillet (cette fois-ci, un tamtam organisé par Diawadou Barry interfère avec le baptême d’une barque de pêche par le PDG), puis les 23 et 24 octobre 1954, des heurts violents éclatent ; le 31 janvier 1955, de nouveaux affrontements font un mort et soixante blessés, dont vingt graves. Le 1er février, les quartiers de Coronthie et de Téminetaye sont la proie de véritables combats de rues qui font quarante et un blessés, dont vingt par tirs de chevrotines.
Les violences n’affectent pas que la capitale : Siguiri, Dabola, Kindia, Beyla, Macenta, Youkounkoun, la Guinée forestière sont à leur tour touchés.

C’est en particulier à cette époque que se produit l’incident qui, à Tondon près de Dubréka, en Guinée Maritime, donnera à la Guinée indépendante l’une de ses héroïnes: Mbalia Camara (le prénom Mbalia étant traditionnellement donné à une jumelle chez les Soussous).

Mbalia Camara est l’une des co-épouses de Sana Thierno Candé Camara, un ancien garde démobilisé surnommé “Clairon”, président de la sous-section locale du PDG de Tondon, petit village également connu sous le nom de Labaya situé à 160 kilomètres de Conakry, non loin des fleuves Konkouré et Baady, dans la région de Dubréka. Le chef de canton David Sylla rend “Clairon” responsable du refus des villageois de payer l’impôt et envoie la troupe l’arrêter en même temps que plusieurs autres militants du village. Les femmes se réunissent en hâte et édifient une barricade de fortune pour leur barrer le chemin.

Repérant au milieu d’elles l’épouse du meneur “Clairon”, Sylla, furieux, s’avance en faisant des moulinets avec son sabre… La lame frappe violemment Mbalia qui, ensanglantée, s’effondre. Elle est enceinte.

Nous sommes le 9 février 1955. Transportée la même nuit à l’hôpital Ballay de Conakry, elle accouche deux jours plus tard d’un enfant mort-né et meurt le 18 février. Le docteur Armstrong, un métis qui officie à cet hôpital, rédige un certificat selon lequel elle serait morte huit jours après l’opération “d’un fléchissement cardiaque.”

Quelques jours plus tard, plusieurs milliers de militants, Sékou Touré et Ouezzin Coulibaly à leur tête, participent aux funérailles ; le cortège traverse à pied toute la ville jusqu’au cimetière de Camerone.

Le PDG “tient” sa première martyre ; le 9 février sera ultérieurement proclamé Journée nationale de la Femme africaine.

Le 29 avril 1956 commence à Conakry le procès des auteurs de cet assassinat ; Sékou réunit un meeting au cinéma Vox : il y demande à nouveau la suppression de la chefferie de canton et affirme que les certificats médicaux sur les causes du décès de Mbalia ont été truqués ; Madame Andrée Touré y lance de vifs appels aux femmes de Guinée en faveur de l’unité d’action. Le 30 avril, le tribunal condamne David Sylla à un an de prison et 300.000 francs d’amende “pour coups et blessures ayant occasionné des mutilations”, ce qui l’exonère du chef d’assassinat. C’est toutefois la première fois qu’en Guinée, un chef de canton est condamné à une peine ferme, constate Sékou, dont l’hostilité vis-à-vis de la chefferie ne fait que s’exacerber.

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konakryexpress

Je revendique le titre de premier clandestin à entrer en Italie, le jour où la mort de Che Guevara a été annoncée. Mais comme ce serait long de tout décrire, je vous invite à lire cette interview accordée à un blogger et militant pour les droits humains qui retrace mon parcours dans la vie: https://fr.globalvoices.org/2013/05/20/146487/

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