Quitter Israel avec une cagnotte de 3000 Euros ou aller en prison dans le désert
Israël d’annoncer le lancement d’un programme consistant à imposer à 38.000 migrants africains en situation irrégulière, principalement des Érythréens et des Soudanais, l’acceptation d’une cagnotte equivalente à 3000 Euros et un billet d’avion pour quitter quitter le pays d’ici fin mars, ou bien être emprisonnés pour une durée indéterminée.
Selon
Après la date du 1er mars, il sera encore possible pour ces personnes de quitter volontairement Israël, mais une somme inférieure aux 3000 euros initiaux leur sera remise. « Ceux qui refuseront seront emprisonnés», a prévenu le ministère de l’Intérieur.
Dans l’article qui suit le journaliste Ilan Lior explique en quoi consiste cette politique ainsi que les autres mesures qui l’accompagnent pour rendre la vie plus difficile pour les immigrés africains clandestins sur le journal israélien de gauche haaretz.com.
La publication était à l’origine en anglais, j’ai procédé moi-même à la traduction.
Le cabinet du Premier ministre Benjamin Netanyahu a voté dimanche à l’unanimité l’allocation de 440 millions de shekels pour traiter les dossiers des demandeurs d’asile africains dans l’année à venir, la plus grande partie de l’argent étant consacrée à un nouveau centre de détention dans le Néguev. Les ministres ont également voté en faveur de l’adoption d’un projet de loi à la Knesset mardi, qui permettra de garder les migrants illégaux dans le centre de détention 24 heures sur 24, même s’il est présenté comme un établissement « ouvert ».
La majeure partie de l’argent approuvé servira à couvrir le coût de construction de cet établissement dans le Negev et son exploitation, mais une partie sera également dépensés pour « accroître la sécurité personnelle » dans le sud de Tel-Aviv, où vivent de nombreux migrants africains. Quelque 550 nouveaux emplois ont été créés pour mettre en œuvre le programme au sein du ministère de la sécurité publique, de l’autorité de la population et de l’immigration ainsi qu’au ministère de l’économie.
Le cabinet a également approuvé une proposition du ministre de l’Intérieur Gideon Sa’ar, soutenue par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, visant à augmenter de 1 500 à 3 500 dollars la subvention accordée aux migrants africains qui acceptent de quitter le pays.
« Nous sommes déterminés à expulser les dizaines de milliers de clandestins qui sont ici, après avoir réduit à zéro le nombre de sans-papiers à la recherche d’emploi qui sont entrés dans les villes d’Israël », a déclaré Netanyahou lors de la réunion du cabinet. Il a déclaré que les mesures adoptées dimanche par le gouvernement étaient « proportionnées et essentielles pour protéger le caractère juif et démocratique de l’Etat et rétablir la sécurité des citoyens israéliens, tout en maintenant les directives de la Haute Cour et du droit international ».
Le plan comprend le renforcement de la présence policière dans le sud de Tel-Aviv, mais pas dans d’autres régions où vivent un grand nombre de demandeurs d’asile africains. Le ministre de la Sécurité publique, Yitzhak Aharonvitch, a déclaré que les 130 policiers de plus prévus par le plan « amélioreraient d’une manière considérable l’application de la loi ainsi que la sécurité personnelle et la lutte [contre] le crime dans la région ».
Tous les migrants doivent se présenter à l’établissement
Le nouvel amendement, que le ministre de l’Intérieur Gideon Sa’ar doit présenter pour son premier vote à la Knesset mardi, a été sévèrement critiqué par les groupes de défense des droits de l’homme et l’opposition.
L’amendement ramène de trois ans à un le délai de détention sans jugement pour les migrants africains qui entrent illégalement dans le pays. Il établit également un nouveau centre de détention, qui ne sera fermé que la nuit. L’amendement stipule que les migrants illégaux nouvellement arrivés, ainsi que ceux qui se trouvent déjà en Israël, doivent se présenter au centre. Ils ne seront pas autorisés à travailler et ils seront tenus de se présenter à cet appel trois fois par jour. Les migrants qui violent les conditions de résidence dans la nouvelle installation s’exposeront à être envoyés dans un établissement fermé officiellement. L’Etat s’engage à fournir de la nourriture, un lit, des services de santé et de bien-être dans la nouvelle installation, selon les amendements.
La présidente du Comité de la Knesset sur les migrants, MK Michal Rozin, a déclaré que les députés ne savent pas sur quoi ils voteront. « Nous ne pouvons pas comprendre qui vivra dans l’établissement, quelles conditions d’hygiène ils auront, quelles conditions de bien-être ou combien d’argent l’Etat a l’intention de dépenser pour chacun de ces problèmes. » Rozin a déclaré que la Knesset ne devrait pas adopter de loi, la courte période de deux semaines qui est si importante pour la vie de dizaines de milliers de personnes, et si coûteuse, sans connaître les réponses à ces questions et d’autres.
MK Dov Khenin (Hadash) a déclaré que la nouvelle installation non seulement porterait atteinte aux droits des migrants, mais qu’elle coûterait des millions de shekels provenant du financement des programmes sociaux. « En bout de ligne, même s’ils enfermaient 3 000 personnes dans la nouvelle installation, qu’en est-il des 50 000 qui se trouvent maintenant dans les rues du sud de Tel-Aviv et d’autres régions pauvres? », a-t-il demandé.
Khenin a déclaré que la politique du gouvernement devait être inversée. « Il est temps pour une toute nouvelle direction. Commencer à traiter les personnes venues d’Afrique à la recherche de la vie et tant qu’elles ne peuvent pas être renvoyées dans leur pays d’origine, leur permettre de travailler en Israël au lieu des travailleurs étrangers que l’Etat continue d’apporter chaque année, « Khenin a maintenu.
En plus de ce programme, l’état juif a adopté plusieurs autres mesures ciblant les immigrés clandestins africains:
- Israël cesse de délivrer des certificats de naissance aux enfants d’immigrants africains
- Israël pourrait supprimer 560 emplois dans l’Etat pour financer un centre de détention pour migrants africains
- Le Cabinet ouvre la voie à une détention plus courte sans procès des migrants africains
- Augmentation des peines contre les migrants africains pour conduite sans permis
- La Knesset avance un projet de loi visant à détenir les migrants sans procès, malgré les avertissements légaux