Ce reportage de la TV France2 a attiré mon attention. Ici, il s’agit du lait, et d’un pays, le Sénégal, mais dans combien d’autres domaines les subventions et autres barrières européennes moins visibles dans le commerce international constituent-elles un frein pour le développement en Afrique?
Le commerce international est taillé principalement sur les besoins et les intérêts des pays riches, ceux des pays à faibles revenus n’étant pas toujours les mêmes, cela fausse les règles qui le régissent soient en faveur des premiers. Dans un article paru sur investigaction.net intitulé Accords de Partenariat Economique UE-CEDEAO: quand l’agriculture africaine se fait piéger MOUHAMADOU DIOP révèle comment les exportations africaines sont pénalisées en Europe, alors que les pays européens ont signé des accords commerciaux qui devaient théoriquement favorisés le commerce entre nos pays:
Il importe de souligner que pour la plus part des pays africains, les droits de douane ne constituent pas l’entrave majeure pour accéder aux marchés des pays développés. Il s’agit surtout de mesures non tarifaires, c’est-à-dire des mesures de réglementation à l’intérieur de ces pays telles que les normes SPS. A titre d’exemple, depuis la convention de Cotonou, les exportations agricoles des pays à faible revenu sont soumises à un droit de douane moyen de 5 % dans les pays développés, mais lorsque les effets commerciaux restrictifs des mesures non tarifaires sont comptabilisés sous la forme d’un équivalent tarifaire, le droit moyen peut alors atteindre 27 % pour certains produits, ce qui constitue un véritable frein aux exportations des pays africains. En plus des coûts supplémentaires nécessaires au contrôle du respect des normes imposées par l’UE, les exportations agricoles africaines sont très souvent bloquées aux frontières le temps des analyses, ce qui provoque dans la plus part des cas une détérioration de la qualité des produits. Ainsi, l’ouverture complète des frontières de l’UE aux exportations des pays de la CEDEAO dans le cadre des APE n’est que théorique, elle diffère de la réalité. L’application des normes SPS aux importations agricoles africaines devient dès lors un moyen efficace pour contrôler et surtout limiter les exportations de la CEDEAO vers l’UE.
Texte accompagnant le reportage de France2:
Au Sénégal, de vastes étendues pour faire courir des troupeaux de vaches à foison, un peuple d’éleveurs sénégalais au nombre de 200 000 et un goût prononcé pour le lait. Pourtant, à Dakar, la capitale du pays, on ne le consomme qu’en poudre ou presque, produit à l’étranger. 90% du lait vendu au Sénégal est importé sous forme de poudre. Dans les usines de Vitalait, le plus gros producteur du pays, on ne fonctionne qu’avec ça. La matière première est importée principalement d’Europe. 25 000 tonnes arrivent chaque année.
La fiscalité sénégalaise peu favorable
Et pourtant, les vaches sont bien là. Trois millions de bovins vivent au Sénégal. C’est autant qu’en France par nombre d’habitants. Ils sont principalement concentrés dans les régions peules du nord du pays. Problème, la mise en place d’une filière coûte extrêmement cher et ce, d’autant plus que la fiscalité sénégalaise n’ait pas du tout favorable.