Avec une afro-descendante pour vice-présidente, le Costa Rica fait un pas en avant dans la lutte contre le racisme
Les dernières semaines avant les élections présidentielles costariciennes ont créé le suspense. Un fossé séparait les deux candidats arrivés au second tour : Carlos Alvarado du Parti d’action citoyenne (le parti au pouvoir) et Fabricio Alvarado du Parti Restauration nationale.
Parmi les deux candidats, Fabricio Alvarado a mis les défenseurs des droits de l’homme et la communauté LGBTQI en alerte en refusant de défendre les droits des minorités sexuelles et de genre et en promettant un gouvernement qui soutiendrait les “valeurs fondamentales” du Costa Rica comportant une vision traditionnelle de la famille et les idéaux du christianisme évangélique.
Cependant, Carlos Alvarado est arrivé en tête. Sa victoire a été célébrée au-delà du Costa Rica parce que la vice-présidente était Epsy Campbell Barr, une économiste de profession et militante pour les droits des Afro-descendants.
Cela signifie que Campbell Barr est maintenant la première femme afro-descendante vice-présidente, non seulement au Costa Rica, mais dans les Amériques.
Les manifestations de soutien ont été massives, en particulier de la part des mouvements afro-colombiens latino-américains, qui considèrent l’élection de Campbell Barr comme un triomphe important dans la lutte pour accéder aux espaces de pouvoir et créer des politiques d’inclusion pour les personnes d’ascendance africaine, qui peuvent atteindre 30 % de la population sur le continent.
Discrimination “invisible”, luttes globales
Le racisme est répandu en Amérique latine, mais la manière dont il est structuré a évolué au fil des ans et n’est pas toujours évidente. La sensibilisation à ces systèmes et à leurs conséquences fait partie du travail d’un grand nombre de groupes militants et d’associations de défense des droits de l’homme.
À cet égard, le site argentin Emergentes a souligné l’importance que les communautés afro-descendantes aient une représentation dans le gouvernement et a discuté de la victoire de Campbell Barr dans le contexte de la mort de Winnie Mandela, une militante anti-apartheid sud-africaine bien connue.
Emergentes a rapporté des témoignages de différentes personnalités (dont l’une des auteures de cet article) ainsi que des incidents récents de racismequi ont été couverts par les médias, pour souligner la nature globale et complexe du problème :
Dans l’article, Jenniffer Mayren Urrutia Briñez, une publiciste internationale ainsi que fondatrice de A-fro, un site d’informations et de style de vie destiné aux lecteurs afro-descendants, a souligné l’impact considérable qu’a eu l’élection de Campbell Barr à la vice-présidence :
Elle ajoutait :
Sur Twitter, l’universitaire Cristina Burneo a convenu de l’importance de lier l’élection de Campbell Barr à d’autres endroits de la région où l’activisme, le service public et la lutte pour les personnes d’ascendance africaine ont subi des pertes tragiques comme au Brésil [fr] et en Equateur.
Au Brésil, ils ont assassiné [l’activiste des droits humains] Marielle Franco. En Équateur, ils ont assassiné [la directrice de la prison pour femmes], Gavis Moreno. Au Costa Rica, Epsy Campbell Barr gagne. Les femmes d’ascendance africaine vivant aujourd’hui honorent la mémoire des femmes assassinées.