Victimes de la mer, l'Italie se recueillera à votre mémoire, chaque 3 octobre
Le 16 mars 2016 est une date qui restera comme une des plus belles dans l’histoire de l’Italie. C’est ce jour que le Sénat a définitivement approuvé l’institution de la Journée nationale à la mémoire des victimes de l’immigration, à célébrer chaque année le 3 novembre.
Tandis que partout en Europe, les gouvernements multiplient les actes de barbarie en foulant au sol la Déclaration universelle des droits humains par la construction de murs pour mieux refouler les réfugiés, je suis heureux de partager avec vous, chers lecteurs cette information qui est passée inaperçue en dehors de la Péninsule.
Le site stranieriinitalia.it, étrangers en Italie, présente les objectifs de cette Journée dont la célébration aura lieu, comme les années passées depuis ce sinistre drame survenu le 3 octobre 2013 au large de Lampedusa emportant environ 370 personnes de tous les ages et des deux sexes.
« La République reconnaît le 3 Octobre jour – dit le premier article de la loi adoptée aujourd’hui – comme la Journée nationale du souvenir des victimes de l’immigration, afin de préserver et de renouveler la mémoire de ceux qui ont perdu la vie en essayant d’émigrer vers notre pays pour échapper à la guerre, la persécution et la misère « .
Dans toute l’Italie ce jour-là seront organisées des « cérémonies, initiatives et réunions afin de sensibiliser le public à la solidarité civile envers les migrants, le respect de la dignité humaine et la valeur de la vie de chaque individu, l’intégration et l’accueil ». Il y aura également des initiatives dans les écoles pour « sensibiliser et former les jeunes sur les thèmes de l’immigration et de l’hospitalité. »
Lucien Mpama dans un article intitulé L’Italie institue une Journée des victimes de l’immigration publié sur le site, adiac-congo.com, le seul qui ait publié l’information en français sur le web, d’après mes recherches, nous explique les raisons de cette importante décision et les sentiments de certains élus:
La péninsule reste marquée dans sa chair de nation terre d’émigration et d’immigration par le drame survenu le 3 octobre 2013 au large des côtes siciliennes. Ce jour-là, des centaines de personnes entassées à bord d’un bateau en détresse en Méditerranée, se lancèrent du même côté à l’arrivée des secours. Déséquilibré le navire, un chalutier qui n’était pas de première jeunesse, chavira entraînant par plusieurs mètres de fond quelque 368 de ses passagers.
Il s’agissait de femmes et d’enfants, de vieillards et de personnes déjà affaiblies par l’éprouvante traversée, ainsi que des jours d’errance en mer, sans eau ni provisions, et qui ne pouvaient plus fournir d’effort pour remonter en surface. Le drame fut consumé lorsqu’il fut décidé que tenter de renflouer le bateau serait une opération compliquée : les naufragés gisent donc toujours par le fond, prisonniers de leur rafiot. Ils étaient Erythréens et Ethiopiens en majorité. Mais l’histoire des migrations a montré à suffisance que la notion de nationalité est toute relative. Tel se passe pour Soudanais qui est en réalité Nigérien ou Congolais, et qui prend la nationalité la plus susceptible de favoriser l’obtention de son statut de réfugié.
Ce drame fut vécu comme un véritable traumatisme national en Italie. Il explique l’institution de cette « Journée nationale des victimes de l’immigration ». C’est le minimum que l’on pouvait faire; ce sera « une sorte de dédommagement symbolique envers les familles », estime l’ONG ARCI, à l’origine de la proposition. « Mais les morts n’ont pas cessé depuis lors. Les gens continuent de mourir dans la tentative de franchir les frontières d’une Europe qui se transforme chaque jour de plus en une forteresse qui se barricade derrière des murs et des clôtures, comme si les morts d’hier n’avaient servi à rien », constate l’organisation.
Pour le Sénateur Luis Alberto Orellana, cette journée ne sera pas une occasion de fêter. Il s’agira, au contraire, d’un « moment pendant lequel les Italiens sont appelés à réfléchir sur le respect de la dignité humaine et sur la solidarité civile, valeurs fondatrices de l’Europe ». Dans une atmosphère générale de bonnes paroles et de bonnes intentions, le Sénateur a souligné que l’Italie ne devait pas se limiter « à accueillir l’étranger qui risque sa vie dans son pays ; nous devons aussi lui garantir l’exercice effectif des libertés démocratiques » tel que garanti par l’article 10 de la Constitution sur le droit d’asile. Il a fortement souligné le nécessaire tri à faire entre « migrants économiques » et requérants d’asile.
« L’Italie se présente, pour les pays africains en premier, comme un modèle démocratique et même économique« , a estimé le Sénateur décidément en verve. « Il me plaît de croire que les milliers d’étrangers qui débarquent sur nos côtes pourront représenter une ressource pour notre pays, comme le furent en Argentine, au siècle passé, les centaines d’italiens fuyant la misère chez eux et qui contribuèrent au développement de ce pays » d’Amérique latine, a-t-il conclu.
L’institution de la Journée pour les victimes de l’immigration intervient alors que le président de la République italienne, Sergio Mattarella, effectue une tournée en Afrique qui le conduit de l’Ethiopie au Cameroun, au centre de l’Afrique. Pendant qu’à Rome les Sénateurs décidaient la journée de mémoire pour les immigrants morts, en Ethiopie M. Mattarella visitait un camp de réfugiés, une expérience qui l’a marqué. « De voir tous ces enfants sourire dans ces conditions, sans rien, est une chose qui a un impact émotionnel qui fait réfléchir », a avoué le président italien.
Pour mieux comprendre la nouvelle politique africaine de l’Italie
Depuis que la gauche sous la conduite du jeune Premier ministre, Matteo Renzi est au volant de l’Italie, le pays démontre un intérêt accru pour le continent africain. En deux ans de gouvernement, il a visité 8 pays africains.
En Éthiopie, selon le quotidien économique Il Sole 24ore, le journal du patronat italien, Renzi, avec qui mon fils a couru le Marathon de Florence, lorsque le PM italien était le maire de cette ville de mes études, a déclaré:
« La mission pour l’Europe est de créer des emplois pour combattre la pauvreté, donner de l’espoir aux nouvelles générations. »… »Le vrai défi est non seulement de sauver des vies, mais de créer des emplois ici, de créer de nouvelles perspectives d’emploi ici. Les gens fuient une situation de pauvreté et la persécution, et nous devons faire plus, nous devons investir dans la coopération. » Ensuite, sur Facebook, il a ajouté: « Une stratégie de politique étrangère digne de ce nom ne peut que mettre l’accent sur l’Afrique dans la politique italienne. » Et il a ajouté: « Inutile de dire, « Aidons-les chez eux », ensuite on coupe les fonds pour la coopération et on ne considère pas la politique étrangère une priorité.
En ce qui concerne la Guinée, l’ambassadeur Mohamed Chérif Diallo, lors de la rencontre avec les guinéens résidents en Italie nous a fait savoir que le gouvernement italien avait décidé d’annuler toute sa dette bilatérale de notre pays, suite aux problèmes liés à l’épidémie de l’Ébola.