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Brésil: La couleur de sa peau barre l'entrée à l'université à une bissao-guinéenne

Le Brésil est un creuset racial dans lequel les métis et les noirs représentent 50,7 pour cent de la population totale. Cela ne veut pas dire que les descendants de noirs représentent plus de la moitié des brésiliens car tous les métis ne sont pas issus de la race noire. Mais, tout de même, ils représentent une proportion importante de la population du pays de Pélé. Contrairement à ce que l’on croit, ils souffrent bel et bien de racisme. Le gouvernement Luiz Inácio Lula da Silva avait adopté des mesures pour l’intégration de cette population dans les circuits politique et économique du pays.

La Présidente Dilma Rousseff a continué cette politique comme le rappelle dans un article de juin 2014, l’hebdomadaire Jeune Afrique qui faisait savoir que:

La présidente du Brésil, Dilma Rousseff, a promulgué lundi une loi pour faciliter l’accès des Noirs et métis aux emplois dans l’administration.

Désormais, 20% des places dans les concours de l’administration publique seront réservées aux Noirs et métis. Cette décision vient confirmer la volonté du gouvernement brésilien de lutter contre la discrimination raciale. En 2012, Dilma Roussef avait passé une loi stipulant que la moitié des places dans les universités fédérales devaient être réservées aux étudiants venant des écoles publiques et que les Noirs, métis et Indiens seraient prioritaires.

Pourtant les obstacles à l’ascension des noirs ne manquent pas. En effet, encore aujourd’hui, en dehors des arts et du sport, les noirs et les métis sont peu visibles. Par exemple, si vous consultez les photos officiels du gouvernement de la Présidente Dilma Rousseff, vous serez étonné de constater le peu de places qui leur est fait.

Un exemple de ces obstacles nous est illustré dans l’article suivant de la journaliste brésilienne Fernanda Canofre pour le réseau dont je fais partie globalvoicesonline.org, que j’ai le plaisir de traduire en français et que ma chère amie Suzanne Lehn a gentiment révisé. Le titre original en français était Une université brésilienne refuse d’admettre une bissao-guinéenne malgré sa réussite à l’examen d’entrée.

Bonne lecture

Les étudiants protestent devant un bâtiment à l'Université de Rio Grande do Sul (UFRGS) sur Février 23. Le signe lit: "xénophobe UFRGS". Photo: barricadas Abrem Caminhos / Facebook

(Billet d’origine publié en portugais le 6 mars 2015) Lorsque Domingas Mendes a quitté la Guinée-Bissau, elle était une religieuse se rendant en mission dans le sud du Brésil. Quelques années plus tard, la vie religieuse ne lui semblant plus être le bon choix, elle a décidé de poursuivre des études en sciences sociales.

Pendant des mois, son temps a été divisé entre les heures de travail et les cours, la nuit elle se préparait pour les tests d’entrée à l’Université fédérale de Rio Grande do Sul (UFRGS), une des meilleures institutions du Brésil, située dans la ville de Porto Alegre. Comme le font de nombreux candidats noirs pauvres, Domingas s’est présentée comme “candidate de quotas”.

Le système de quotas brésilien pour l’enseignement supérieur, introduit par la loi en 2012, réserve 50 % des places disponibles dans les universités publiques aux étudiants issus de familles à faible revenu provenant des écoles publiques et qui sont d’origine africaine ou autochtone.

Domingas a passé le test et a été admise. Mais, ensuite, elle a appris que l’université n’allait pas la prendre. Comme elle écrit dans un billet sur Facebook :

Les règles et la loi des quotas exigent que vous soyez noir et pauvre. Je suis noire, pauvre et travailleuse et je l’ai prouvé ! Un autre élément sur lequel je voudrais attirer l’attention est la déclaration du ministère de l’éducation sur mon cas, également rendue publique dans une interview à Radio Gaúcha. Selon le ministère, les universités disposent d’une autonomie pour définir le nombre d’étudiants dans les cas comme le mien. Par conséquent, cela montre que la décision de l’UFRGS relève de la discrimination et de la ségrégation, car ce n’est pas prévu par la législation nationale sur l’enseignement public que je sois brésilienne ! La politique de l’UFRGS m’exclut sur la base d’une loi qui entend le contraire : inclure et garantir la citoyenneté !

Domingas lors de la manifestation du 23 février. Photo: barricadas Abrem Caminhos / utilisée avec permission

Rádio Gaúcha, une station de Porto Alegre, a eu accès aux documents de l’UFRGS confirmant le rejet de Domingas. Ils ont publié dans leur site web :

Ce qui se passe est que la réservation de places vacantes établie par la loi 12711/12 est destinée aux étudiants du système scolaire public brésilien. Le décret 7824/12, dans son article 2, dit que conformément à sa destination, les écoles publiques sont considérées comme celles qui sont définies par l’article 19 de la loi 9394/96. Cette disposition établit que les écoles publiques sont celles qui sont créées ou incorporées, entretenues et gérées par l’autorité publique.

À ce jour, l’université ne s’est pas exprimée publiquement sur l’affaire.

Après que Domingas a raconté son histoire, des centaines de personnes ont commencé à s’engager dans une campagne pour exiger de l’université de lui permettre l’inscription. Le 23 février, une manifestation organisée à l’intérieur du campus de l’université par les étudiants en sciences sociales a rassemblé une centaine de personnes et forcé l’un des vice-doyens à recevoir la bissao-guinéenne.

Mais les résultats ne sont pas bons : selon ce qu’a dit Domingas à Global Voices, l’institution a maintenu sa position, en lui disant de chercher une alternative à travers des “moyens juridiques”.

Le journaliste Thales Bouchaton a écrit sur son blog:

… Dans une interprétation bizarre de la loi sur les quotas, l’institution a compris qu’elle ne devrait pas accepter l’étudiante parce qu’elle n’a pas fréquenté l’école secondaire au Brésil. Cependant, d’après ma compréhension de la loi, celle-ci ne stipule pas cela, mais elle mentionne “les écoles gérées par l’autorité publique”, ne précisant pas si oui ou non celles-ci devaient être brésiliennes.

Il y a une autre capture d’écran relative à l’affaire. Dans une interview pour la télévision Negração, publiée sur YouTube, Domingas remarque que l’université l’a exemptée du paiement des frais d’admission à l’examen d’entrée, mesure réservée seulement aux élèves des écoles publiques. En outre, après avoir vécu huit ans au Brésil, Domingas a un visa permanent. Selon les lois du pays, à l’exception des droits politiques comme le droit de vote, ce visa donne aux immigrants les mêmes droits en matière d’accès à la santé publique et à l’éducation qu’aux citoyens brésiliens.

L’histoire de Domingas a touché la question sensible de l’immigration africaine au Brésil dans un billet publié sur Facebook :

Quand il s’agit d’être un travailleur, la vente de ma force de travail pour un prix dérisoire c’est permis. Cependant, quand il s’agit d’obtenir de meilleures qualifications, afin d’avoir une vie un peu meilleure, ça ne l’est pas!

Le nombre d’immigrants africains au Brésil a été multipliée par 30 au cours de la dernière décennie. Même si la plupart arrivent à trouver un emploi et à envoyer de l’argent à leurs familles restées au pays, il est clair que la société brésilienne a une place qui leur est réservée. Et, comme l’histoire de Domingas le montre, ce lieu est rarement une place dans une université.

Une des banderoles de la manifestation disant: "A bas la xénophobie et le racisme". Photo: barricadas Abrem Caminhos / Facebook

Domingas suit actuellement le conseil de l’institution pour la recherche d’une solution à l’aide d’un défenseur public. Dans l’interview vidéo, elle dit qu’elle a satisfait à toutes les exigences de l’UFRGS pour l’inscription des étudiants sous quotas et ajoute :

Je crois qu’ils n’acceptent pas mon inscription à cause du racisme, de la xénophobie et des préjugés, en interprétant les principes de la loi de façon contradictoire. Parce qu’une loi qui est conçue pour inclure maintenant m’exclut.

Les étudiants qui ont organisé la manifestation approuvent cette position. Mais la question de savoir pourquoi une université brésilienne n’accepterait pas une étudiante bissaou-guinéenne reste entière.

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konakryexpress

Je revendique le titre de premier clandestin à entrer en Italie, le jour où la mort de Che Guevara a été annoncée. Mais comme ce serait long de tout décrire, je vous invite à lire cette interview accordée à un blogger et militant pour les droits humains qui retrace mon parcours dans la vie: https://fr.globalvoices.org/2013/05/20/146487/

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