Afrique de l'ouest: Les fondamentalistes ont remodelé la géopolitique sahélienne
AFRIQUE : Les massacres et destructions de villages entiers entrainant une terreur généralisée sur un vaste territoire couvrant des parties importantes du Nigeria, du Niger, du Tchad et du Cameroun sont entrain de devenir la source principale de préoccupation des dirigeants de la région.
Les initiatives des pays concernés se multiplient pour contrer l’ennemi commun. D’abord sur le plan national, avec l’adoption de mesures sécuritaires qui lèsent la liberté des citoyens: interdiction du port du voile intégral, durcissement des lois contre le terrorisme, imposition de couvre-feux et limitation dans les déplacement des populations.
Au niveau international, les pays directement concernés, auxquels le Bénin a décidé de se joindre, ont adopté plusieurs mesures dont la création d’une force militaire. A l’issue de la visite du Président Buhari du Nigéria au Cameroun, décision a été prise que cette force comptera 10 000 militaires, membres de la police et de civils. Ils ont aussi donné leur accord pour que le siège de cette force soit à Djamena, le Tchad étant le pays qui a mis le plus de troupes dans la composition de cette force, qui se sont montrées plus combatives. Elle sera commandée par le major général Iliya Abbah, du Nigeria.
La situation au Cameroun
Depuis le 1er janvier 2015, Boko Haram a exécuté au moins 28 attentats majeurs sur le sol camerounais, en majorité dans l’extrême nord du pays. Selon les autorités locales de Maroua, les attentats-suicides du 22 juillet sont l’oeuvre de deux jeunes filles qui ont été vues mendier dans les rues les jours précédents. L’explosion a tué une douzaine de personnes au marché central, le nombre exact reste incertain. Une source policière a confirmé que les habitants ont entendu une double explosion. Malgré ces tragédies, l’armée camerounaise a obtenu quelques succès contre Boko Haram, même si le pays doit aussi faire face à un afflux massif de réfugiés fuyant les combats.
La situation au Tchad
L’individu qui a déclenché sa bombe le 11 juillet s’était déguisé en femme voilée pour dissimuler ses explosifs. Au vu de cette information, le gouvernement tchadien a décidé d’interdire le port du voile intégral pour prévenir des attentats similaires. Les conséquences de l’insurrection de Boko Haram ont profondément déstabilisé la région, notamment au Tchad, dont la puissance militaire est au fondement du maintien de la paix dans le Sahel. Ces derniers mois, le Tchad a déjà été secoué par des manifestations étudiantes, et le début le 20 juin du procès de l’ex-dictateur Hissène Habré.
La situation au Niger
L’insurrection de Boko Haram a fait franchir la frontière à des dizaines de milliers de personnes venues se réfugier dans la région aride de Diffa, dans le sud-ouest du Niger, aggravant une situation humanitaire déjà désespérée. Le Niger a déclaré l’état d’urgence pour s’attaquer à l’insurrection qui a ruiné l’économie de Diffa et rendu vulnérable une grande partie de la population.
La situation au Nigeria
Avant les élections de mars 2015, l’armée nigériane a repoussé avec succès Boko Haram. Néanmoins, une nouvelle offensive de Boko Haram semble se développer en attendant l’investiture de l’équipe du président Buhari. Ceci malgré le fait qu’un des premiers actes de M. Buhari a été de déménager le haut commandement de l’armée de la capitale Abuja à Maiduguri, dans l’Etat de Borno—au coeur de l’insurrection.
Explosion annoncée à Gombe, Nord-Est du Nigeria. Pas d’autres détails.
Le nouveau gouvernement n’en a pas moins recherché activement une assistance anti-terroriste internationale, comme le montrent les rencontres récentes du président Buhari avec ses homologues tchadien, camerounais et nigérien. M. Buhari a sollicité et obtenu des assurances de soutien du G7 et des Etats-Unis, où il se trouve en ce moment en visite d’Etat. M. Buhari a promis de négocier avec les insurgés, si cela peut amener la libération des 200 jeunes filles enlevées à Chibok il y a plus d’un an :
Si nous sommes convaincus que nous pouvons retrouver les jeunes filles, nous pouvons négocier, pourquoi pas. Notre but est de retrouver les jeunes filles. Nous leur demanderons ce qu’ils veulent et nous pourrons libérer les filles ; les rendre à leur école ; les réunir à leurs parents et les réinsérer, pour qu’elles puissent mener une vie normale.