Guinée: Le gouvernement voulait cacher la vérité à Mme Navy Pillay, Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme
Mme Navy Pillay, Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, , a effectué une visite de travail en Guinée du 13 au 15 mars. Avant son arrivée l’Association des victimes du Camp Boiro (AVCB) avait été invitée par l bureau des NU pour les droits de l’homme à Conakry à l’accueillir à l’aéroport. Mais à la veille de son arrivée, ce meme bureau a informé l’association que les autorités nationales ne souhaitaient y voir ni l’AVCB ni les Nations unies, elles-mêmes.
Mme Navy Pillay informée par ses services des agissements du régime, a elle même déposé une demande de visite du Camp Boiro et du Stade du 28 septembre, tous les deux endroits ayant vu les pires exactions contre les droits humains en Guinée: meurtres, viols, tortures, etc. Malheureusement, les autorités du pays ne le lui ont pas permis. Cependant, elle a pu rencontrer toutes associations de vicitmes dont la notre.
Notre Secrétaire générale a prononcer le discours suivants:
Bienvenue en Guinée, Mme Navy Pillay
Vous vous trouvez ce matin face aux survivants, aux veuves et enfants des disparus politiques, victimes de tous les crimes d’Etat perpétrés par l’Etat de Guinée de 1958 à nos jours, plus d’un demi-siècle.
En ce qui concerne les victimes de la Première République que je représente, cela fait 40 ans que nous attendons la restitution des corps de nos disparus politiques, la démilitarisation et la sauvegarde des charniers dissimulés sur des terrains militaires interdits d’accès aux familles et la réhabilitation en justice des innocents.
Selon Amnesty International qui enquêta en 1984, 50.000 victimes étaient portées disparues à la fin de la Première République : des fonctionnaires, des élèves, des étrangers résidant en Guinée, Français, Allemands, Libanais, Sénégalais, Maliens, Ghanéens, tous victimes du Camp Boiro de sinistre réputation ainsi que de la multitude d’autres installations militaires en province.
Ici, les pires violations des DDH ont été commises au nom de l’Etat : séparation de mères et d’enfants, naissances en camp de concentration et vols de nouveaux nés, assassinat de masse par inanition, expulsions des épouses européennes dont les maris étaient des prisonniers politiques et détournement de leurs biens ; vol par l’Etat des biens des disparus et refus des gouvernements suivants de les restituer aux ayants droit légitimes. Une grande dame, Mme Loffo Camara, ministre des affaires sociales, a été fusillée par son propre gouvernement,
une première en Afrique et la liste des exactions serait longue. Sans oublier les crimes d’Etat commis de 1984 à 2010, année qui a vu le passage à tabac par la Fossepel du Directeur de l’Observatoire des DDH, évacué en Europe pour soins urgents.
Le problème en Guinée, Mme la Haut Commissaire, porte le nom d’Impunité absolue pour l’Etat, pour les forces d’Insécurité. Le Système judiciaire est en panne, incapable de rendre la justice : notre association, l’AVCB, a tenté à trois reprises de porter plainte en justice et chaque fois, l’Etat a fait avorter la procédure. Le rapport sur les graves crimes commis au stade du 28 septembre en 2009, produit par la justice guinéenne, n’augure rien de bon sur le rétablissement de l’indépendance vraie et sereine de la justice en Guinée et nous attendons toujours l’intervention de la Cour Pénale Internationale pour enfin faire passer ce message une fois pour toutes, comme le dit notre devise : PLUS JAMAIS CA !
Je vous remercie de votre attention
Voici quelques réactions:
Selon TDT:
« les autres ong des ddh nous ont rendu hommage en tant que précurseurs et ainés dans le combat pour les ddh en Guinée; nous (représentant l’AVCB: Mme Nadine Barry, Dr. Fode Maréga, Hadiatou Touré, Amadou Tounkara et Kaba) avons été les premiers à parler dès le début de la rencontre; notre déclaration a été lue par Hadiatou et la conclusion en anglais par moi; après nous, toutes les autres ong ont commencé par dire que l’AVCB avait tout dit ou presque et ils ont défendu des points spécifiques a leur ong; Alioune Tine de la RADDHO etait present et a pu s’exprimer. Curieusement, les ong des assassins ont brille par leur absence.
A la rencontre avec Mme Pillay, il y avait aussi :etaient des avocats, des victimes du stade, des femmes violées, des commerçants spoliés, l’OGDH en la personne du Dr. Sow Mahdiou….La presse locale et RFI ont couvert la rencontre…. »
M. Aboubacar Fofana est: » Très heureux de ce déroulement du séjour du Haut Commissaire des Nations pour les droits de l’homme. Elle a placé les autorités devant leur responsabilité historique pour l’organisation d’une vraie réconciliation basée sur la vérité et la justice.La balle se trouve à présent dans le camp de ceux qui nous gouvernent et qui n’ont pas pour souci de rétablir les faits de manière véridique.C’est ce qui s’appelle donner une leçon sur ce qui devrait être fait pour que « Plus Jamais çà ».Merci au nouveau Bureau et à tous ceux qui y étaient pour le travail accompli. »
Dr. BAH Thierno, depuis Paris, a écrit sur le Forum de l’AVCB:
« Bravo. La persévérance est plus forte que les balles des bourreaux. »