La Communauté de Sant’Egidio née à Rome en 1968, vient de célébrer son 49ème anniversaire. Aujourd’hui elle compte 50 000 environ et elle est présente dans plus de 70 pays à travers le monde. Souvent, s’invitant dans toutes les zones en conflit, Sant’Egidio est qualifiée de l’ONU de Trastevere, du nom du quartier romain où elle a son quartier général. D’ailleurs en 1993, feu Boutros Boutros-Ghali, alors Secrétaire général des Nations-Unies, reconnaissait, parlant d’un des succès diplomatiques en Afrique subsaharienne:
La Communauté a développé des techniques qui sont différentes mais en même temps complémentaires par rapport aux négociateurs professionnels.
Au Mozambique, la Communauté a travaillé discrètement pendant des années afin de faire se rencontrer les belligérants. Elle a utilisé ses propres contacts. Elle a été particulièrement efficace dans l’implication d’autres parties pour qu’une solution soit trouvée. Elle a utilisé ses techniques caractérisées par la discrétion, les rapports informels, tout en alliant le travail officiel des gouvernements et des organisations intergouvernementales. Sur la base de l’expérience mozambicaine, le terme de “formule italienne” a été avancée pour décrire ce mélange, unique en son genre, d’activités pacificatrices gouvernementales et non-gouvernementales. Le respect des parties en conflit a été fondamental pour le succès de ce travail.
En 2001 Jacques Delors, Ex-président de la Commission Européenne a cherché à définir l’approche de cette ONG des problèmes du monde:
Le lieu « Sant’Egidio » n’a pas d’équivalents. Cela ne signifie pas qu’il n’y ait pas d’autres endroits où l’on peut vivre la charité, l’amour, l’accueil et la compréhension de l’autre. Mais, à Sant’Egidio, il y a un style et un parfum particulier. Il n’est pas surprenant que, s’occupant du développement de la Communauté et des grandes questions comme celles du Mozambique, de l’Angola, tenant la chance de la paix en Yougoslavie, particulièrement au Kosovo, il n’est pas surprenant d’apprendre que la Communauté est aussi attentive aux pauvres, aux sans-abris, à ceux qui ont faim, à ceux qui n’ont pas de logement pour la nuit. C’est cette conception assez générale de la charité, étendue au monde de la politique, ce qui n’est pas facile, la politique dans le sens de la gestion de la chose publique, qui fait ce style si particulier de Sant’Egidio.
La dernière implication de la Communauté pour la médiation entre des parties en conflit c’est dans le conflit d’Afrique centrale. Elle commencé son action en 2014, en invitant une délégation du gouvernement sortant de Centrafrique, de la société civile et de l’Autorité nationale des élections (ANE) à Rome en vue de mettre en place des mécanismes concrets de réconciliation.
À propos de cette intervention, Bruno Joubert, ancien ambassadeur de France au Vatican déclarait en novembre 2015:
La communauté est un électron libre devenu un instrument diplomatique unique au monde, souligne l’. Ils m’ont associé à leurs échanges sur la Centrafrique, et j’ai pu les voir mener un travail discret, minutieux, sur le long terme qui a abouti à la signature d’accords quasi diplomatiques.
La Communauté de Sant’Egidio continue son action de médiation dans ce pays plongé dans une crise dont on ne voit pas la fin depuis la disparition du bouffon sanguinaire Bokassa. En effet, au début de février 2017, des représentants de certaines des principales factions étaient à Rome à l’invitation de la discrète communauté Sant’Egidio, pour une mission exploratoire et pour examiner les conditions d’un dialogue.
Ses autres domaines d’activités sont nombreux et comprennent: médiation entre les factions en conflit, la réconciliation nationale, l’assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées, la formation, l’innovation et les technologies sanitaires, la lutte contre la pauvreté, la lutte contre le SIDA, notamment en Afrique.
Pour ce dernier domaine, son projet phare est le programme DREAM de lutte contre le SIDA par lequel l’ONG distribue gratuitement et fournit son assistance à des centaines de malades dans dix pays africains. Elle a créé 46 centres DREAM à travers le continent.
Les centres DREAM qui sont transformés récemment en DREAM.2 sont des organisations polyvalentes fournissant divers services aux malades et souvent à leurs familles, comme le lire dans le passage suivant extrait d’une des publications en ligne de la Communité Sant’Egidio:
Le programme DREAM a construit ou restructuré de nombreux centres de soin dans les dix d’Afrique où il est présent. Tous se caractérisent par une offre de soins, de diagnostic, de support nutritionnel, d’éducation à la santé et de traitement des maladies opportunistes sous un régime de totale gratuité. DREAM travaille en effet pour l’accessibilité aux soins en mettant tout en œuvre non seulement pour accueillir gratuitement ceux qui viennent demander des soins, mais aussi pour aller chercher ces patients qui courent le risque de la dispersion. Pour cela, le choix a été fait de former de manière sérieuse et professionnelle non seulement le personnel de santé à proprement parler, mais aussi de nombreux travailleurs sociaux et sanitaires. Ces derniers, une fois formés dans un cadre réglementaire, exercent des fonctions « mobiles », non seulement au centre siège du programme, mais dans toute la zone avoisinante : l’assistance à domicile, le contrôle de administration de la thérapie journalière, le conseil nutritionnel des mères.
Le Programme DREAM se trouve à la Camayenne à Conakry. Il a célébré son dixième anniversaire d’activités en avril 2016. Au cours de cette période, il a assisté du point de vue médical et fournit de la nourriture à presque 4 000 patients vivant avec le VIH/SIDA.Au cours de ces dix ans, 2080 enfants sont nés dans l’encadrement du programme de prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant, dont 2053, soit 98,70% ont vu le jour sains et libres du VIH. Leurs mamans, séropositives sont en état de bonne santé sous thérapie antirétrovirale.
Un malade de SIDA n’a plus besoin d’aller ailleurs pour se soigner, et ce gratuitement. Derrière chaque bureau dans les locaux de la clinique DREAM, le patient peut lire un avis l’informant que là tout est gratuit. Il peut bénéficier des meilleurs traitements en Guinée, et cela gratuitement.
En 10 ans, Sant’Egidio a ouvert d’autres centres de soins et d’assistance à Coyah en 2009, à Dubréka en 2011 et une antenne au sein de l’hôpital Saint Gabriel. En ce moment, Les structures de l’ONG prennent environ 10 pour cent des malades pris en charge en Guinée.
En plus des soins pour les corps, l’ONG s’est aussi penchée sur le problème de l’enregistrement à l’état-civil des enfants nés des mamans porteuses du virus. En partant de la situation générale de l’enregistrement à l’état civil des enfants dans le monde qui voit chaque année, 51 millions d’enfants dans le monde ne sont pas enregistrés. Selon San’Egidio, le non enregistrement des enfants à l’état civil à la naissance toucherait deux enfants sur trois en Afrique subsaharienne.
Cette situation constitue un handicap sérieux pour eux car ils deviennent de ce fait vulnérables, dès leur plus jeune âge et, continueront à l’être à chaque étape de leur vie. N’ayant pas d’existence légale, ils sont exposés à des violations de leurs droits et à abus de tous types: abus sexuels inscription à l’école, dans les factions armées, travail juvénile, mariages précoces, etc…
D’un point de vue légal, ce sont des enfants invisibles qui vivent juridiquement à l’ombre de la société dans laquelle ils évoluent. Pour permettre aux enfants nés de mamans malades du SIDA ou infectées par le virus HIV de jouir pleinement de leurs droits, la Communauté de Sant’Egidio veut sortir ces enfants de l’invisibilité, pour leur garantir la possibilité d’exercer pleinement leurs droits et d’être des citoyens à plein de leur pays. C’est ainsi que l’ONG a lancé son programme dénommé BRAVO ! (Birth Registration for All Versus Oblivion) pour l’enregistrement à l’état civil de tous les enfants.
En septembre 2011, un autre centre DREAM a été inauguré à Dubréka, en présence de la Première dame Mme Djené Condé Kaba qui avait tenu à être présente à la cérémonie. Financé par ONUSIDA permet d’accueillir dans un premier temps 30 femmes enceintes séropositives pour leur permettre de suivre le parcours complet de prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant.
En 2011, j’avais écrit un article sur ce programme pour le réseau globalvoices.org qui avait été traduit en en Italiano, English, Español, عربي, русский, Português, 繁體中文, 简体中文
Je revendique le titre de premier clandestin à entrer en Italie, le jour où la mort de Che Guevara a été annoncée. Mais comme ce serait long de tout décrire, je vous invite à lire cette interview accordée à un blogger et militant pour les droits humains qui retrace mon parcours dans la vie: https://fr.globalvoices.org/2013/05/20/146487/