Des mots de transition aux maux de trahison : le soldat sans parole !
Dans un monde où les promesses et les engagements sont souvent mis à l'épreuve, la figure du soldat, traditionnellement perçue comme celle de l'honneur et du devoir, devient un symbole. Mais lorsqu'il est rongé par les délices du mensonge, il devient pire. Et c'est l'intérêt public qui est à l'agonie.
Il y a quatre ans, les guinéens suivaient en direct dans les médias nationaux et internationaux des discours du putschiste qui a renversé Alpha Condé au pouvoir. Avec un ouf de soulagement unanime, le peuple a pensé trouver son messie. Avec des communiqués costauds qui résonnent de partout pour rassurer.
Ce qui a surtout marqué les esprits, c’est sans doute le concept de parole de « soldat » que Mamadi Doumbouya a laissé entendre aux guinéens. Sachant que cette expression est pour un homme en uniforme :
Un gardien des mots…
Dans de nombreuses cultures, ce terme »parole de soldat » représente l’idéal du devoir et de l’héroïsme. Le serment prêté par un militaire, qu’il s’agisse d’engagements envers son pays, ses semblables ou ses valeurs, sont supposés être indéfectibles. Il inspire alors confiance et détermination.
Un exemple inspirant parmi tant d’autres est celui du soldat oublié, Hiroo Onoda, resté caché dans la jungle des Philippines, menant sa lutte pendant 29 ans après la fin de la seconde guerre de 1945, refusant ainsi de croire à la défaite de son pays, le Japon. Il avait en tête son engagement de soldat : « ne jamais trahir sa parole ».
Le soldat, avec son sacrifice, son honnêteté et son dévouement à des valeurs, garde les seuls moyens de sauver son honneur et celui de sa patrie. Il ne renoncera jamais son serment.
Des mots aux maux… !
Le nouvel homme fort du 5 septembre 2021 avait promis d’organiser la transition la plus transparente que la Guinée n’ait connue. A l’époque commandant des forces spéciales, il a laissé entendre au lendemain de son coup d’État, que ni lui, ni ses proches collaborateurs ne seront candidats à aucune élection. Ce, pendant la période transitoire.
Qu’il organisera les élections en un temps raisonnable. On a encore en mémoire, la promesse faite à la communauté internationale « 24 mois », qui devraient s’achever en décembre 2024, malgré quinze mois de bonus. Hélas !
Une réalité à la déception de quête de sens
Les soldats sont parfois envoyés au front sans préparation adéquate ou dans des guerres jugées injustes, laissant place à des doutes sur la nature même de leur mission. Et Mamadi Doumbouya a manipulé des jeunes dans ce sens.
Il a justifié son coup de force par le fait qu’il n’avait aucun choix que d’agir ainsi pour sauver les valeurs républicaines. Quelle imposture !
Il a piégé ses compagnons entre des idéaux de loyauté et des réalités de traîtrise.
Sa valeur d’homme de terrain se fissure puis devient évident que ses mots, somme toute, sont vides de sens.
De la transition en Guinée vers la trahison de la Guinée
Dans ce contexte de conflit d’intérêts, le leadership du chef de la junte est globalement mis en cause. Il trahit l’unité des forces spéciales qu’il dirigeait à l’époque, avec des jeunes qui ont participé en première ligne au face à face la nuit du 4 au 5 septembre 2021.
Et le contexte actuel prouve que ces jeunes combattants sont quasiment tous été radiés des effectifs de l’armée ou parfois portés disparus.
Cette transition, non la première en Guinée, reste celle qu’on continue d’enregistrer des enlèvements et disparitions forcées, d’assassinats ciblés, la fuite des cerveaux…
En lieu et place de protéger des valeurs qu’il estime nobles, Mamadi Doumbouya commet des actes irréparables.
Il devient cet personnage à double facette par le poids de sa trahison. Il reste enfermer dans un silence lourd de significations. L’assassinat du général Sadiba Coulibaly, ex numéro 2 de la junte en dit long, sans compter des acteurs n’ayant pas les mêmes idéaux que lui.
