Opportunités et idées fausses sur la recherche médicale en Afrique
La recherche médicale menée en Afrique est souvent peu couverte ou même ignorée des médias. C’est pourtant un champ d’activité qui fait ressortir les besoins les plus pressants du continent.
Le besoin de recherche médicale locale est double. Tout d’abord, l’industrie mondiale ne possède pas, à l’heure actuelle, l’éventail de médicaments et de vaccins requis pour s’attaquer aux problèmes sanitaires spécifiques au continent africain. Des maladies telles que le sida, la tuberculose et la malaria sont encore plus préjudiciables aux pays les plus pauvres de l’Afrique, et le manque d’investissement dans les traitements de ces maladies par les entreprises pharmaceutiques est un vrai problème.
Ensuite, les recherches menées par des scientifiques africains serviront à développer les structures de recherche en Afrique : un rôle plus important pour les sciences et les technologies ne peuvent qu’être bénéfiques au développement économique du continent.
Le docteur Ranjit Warrier est le directeur du Laboratoire central au Centre de recherche sur les maladies contagieuses de Zambie (CIDRZ). Il a grandi dans la capitale Lusaka dans les années 90, juste au moment où l’épidémie de sida se mettait à alourdir lourdement le bilan sanitaire du pays. Il a quitté la Zambie pour faire ses études aux États-Unis, en Louisiane, puis dans l’Indiana. Il a conduit sa propre recherche post-doctorale sur le virus du sida à l’Université de Pennsylvanie avant de décider de rentrer chez lui, en Zambie, pour contribuer au système de santé zambien. Global Voices a discuté avec lui de l’avenir de la recherche médicale en Zambie, et de ce que les médias ne comprennent pas sur ce type de recherche en Afrique [le docteur Warrier s’exprime ici à titre personnel] :
Global Voices (GV) : Quel est votre sujet de recherche ?
Ranjit Warrier (RW) : En ce moment, je fais surtout de la mise en œuvre, je soutiens de programme national zambien ART avec des tests en laboratoire. Je commence tout juste un programme de recherche de développements du diagnostique moléculaire pour le sida, la tuberculose et d’autres pathogènes intéressants.
GV : Quelles tendances ou quels sujets, pensez-vous, ont-ils le vent en poupe dans votre pays et en Afrique en général ? En quoi sont-ils différents des sujets abordés dans les pays occidentaux ?
RW : Il n’y a aucune démarche de recherche et développement ici. Ce n’est que de la mise en œuvre de solutions développées ailleurs. Il faut que cela change, autrement nous seront toujours les receveurs, et jamais les donneurs. Les solutions que l’on nous donne ne sont généralement pas idéales dans notre milieu, et les faire marcher correctement ici est parfois impossible.
GV : D’où les financements et le soutien viennent-ils ? Sont-ils suffisants ? Est-il facile ou non de recruter des scientifiques qui conviennent ?
RW : Des États-Unis et de l’Europe. Différents projets bénéficient de différents niveaux de financement. Il est difficile de recruter des gens pour revenir ou s’installer ici, car les opportunités de financement et ce progression de carrière sont meilleurs ailleurs.
GV : Quel est l’état de l’infrastructure de recherche ? Quels sont les obstacles dans votre travail quotidien auxquels vous n’aviez pas été confrontés avant ?RW : L’infrastructure de base n’est pas à la hauteur des standards des pays développés : obtenir de l’électricité, de l’eau et une connexion internet sans interruption coûte très cher. Les fournitures sont chères et peuvent prendre des mois à être importées d’autres pays.
GV : Quelle est l’opinion du public à propos de la science et des scientifiques en Afrique ?
RW : L’intérêt existe, mais la compréhension de la méthode scientifique est extrêmement limité. J’aimerais suggérer que l’esprit critique et la méthode scientifique soient enseignés à l’école pour améliorer cette situation
GV : A votre avis, quel est le potentiel de la recherche scientifique en Afrique : sur quoi devrait-elle se focaliser et comment son développement pourrait-il être soutenu ?
RW : Le potentiel est énorme. J’ai vu des étudiants incroyables de tous âges. On a besoin d’une éducation scientifique spécialisée qui puisse commencer à n’importe quel âge. Les sciences sociales, l’informatique, les mégadonnées, l’exploration spatiale, la santé (sur les maladies contagieuses et non-contagieuses) ainsi que efficacité de la médecine traditionnelle sont des domaines qui rapporteront gros.
GV : Pourriez-vous décrire les avantages et les inconvénients de la vie d’un scientifique en Afrique comparée à celle d’un scientifique dans un pays occidental, d’après votre expérience ?
RW : Les grosses difficultés ici sont surtout la vitesse à laquelle on peut faire les choses et l’accès limité à l’expertise. Le système des journaux scientifiques qui font payer la lecture de leurs articles limite également la quantité d’information à laquelle on a accès et la vitesse à laquelle la recherche peut être faite
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