La première conférence mondiale sur le paludisme explore les moyens d’aller de l’avant alors que l’éradication ralentit
Le 1ère conférence mondiale sur le paludisme a averti que “la lutte contre le paludisme était à la croisée des chemins”. La “tendance à la baisse” mondiale a stagné [fr] selon l’Organisation mondiale de la santé. Le financement a également plafonné :
Nous sommes à la croisée des chemins. Nous négligeons le paludisme à nos risques et périls. L’élan a gagné ces derniers mois depuis que Julie Bishop et le Dr Tedros ont partagé l’étape #CHOGUM. le message de l’OMS à la conférence sur le paludisme cette semaine
Melbourne semblait un lieu improbable pour tenir ce congrès. Cette ville est loin des pays qui ont enregistré la plupart des 216 millions de cas et 445 000 décès dans le monde en 2016.
Cependant, le paludisme présente de vrais problèmes aux portes de l’Australie, comme dans la région du Mékong et en Papouasie-Nouvelle-Guinée :
En Papouasie-Nouvelle-Guinée, le paludisme est en train de réapparaître – On estime à 1,4 million le nombre de cas de paludisme en PNGP en 2016 – une augmentation de 400% selon l’OMS – 3 000 personnes sont mortes.
Dans la sous-région du Grand Mékong, les parasites du paludisme développent une résistance aux médicaments antipaludiques.
Dans son discours d’ouverture, la ministre australienne des Affaires étrangères, Julie Bishop, a fait une annonce de financement bienvenue :
L’honorable Julie Bishop, députée, ministre des Affaires étrangères, prononce le discours d’ouverture sur l’élimination du paludisme dans la région Inde-Pacifique. Super de voir un soutien aussi important à la 1ère conférence contre le paludisme
Cependant, tout le monde n’a pas été impressionné, étant donné les coupes dans l’aide internationale par son pays au cours des cinq dernières années :
Avec tout le respect qu’on lui doit, l’Australie compte beaucoup d’excellents chercheurs et institutions dans le domaine de la santé ou de la médecine mondiale, mais notre gouvernement joue très loin en-dessous de sa catégorie s’agissant du financement de la santé et de l’aide étrangère (plus généralement).
Il y avait 1000 participants de 60 pays avec des horizons diverses : chercheurs et développeurs en médicaments et vecteurs ; organisations non-gouvernementales ; services d’État ; universitaires ; entreprises du secteur privé; représentants de collectivités.
Il n’est donc pas surprenant que cela ait beaucoup suscité l’intérêt des médias sociaux. En effet, les organisateurs avaient réalisé un guide, Huit astuces pour utiliser Twitter, avec l’aide d’Inis Communication. Ils étaient ravis que le hashtag officiel sur Twitter #malariacongress ait fait tendance au cours des cinq jours de la conférence.
Pas que des mauvaises nouvelles
Il y avait beaucoup de bonnes nouvelles d’éradication du paludisme, avec les exemples principaux venant du Sri Lanka et des Philippines. Le professeur Sir Richard Feachem a souligné ces succès dans sa présentation :
Se souvenir de l’élimination réussie du paludisme au Sri Lanka, par Sir Richard Feachem
Sir Richard Feachem montre la carte en plein rétrécissement du paludisme aux Philippines, qui visent l’élimination d’ici 2030
Il y avait aussi des histoires positives venues d’Afrique comme la nouvelle campagne “Zéro Palu! Je m’engage“ [fr].
Orientatons futures
De nombreux défis futurs ont été discutés lors de la réunion. Parmi ceux-ci, le contrôle des moustiques vecteurs, la résistance aux médicaments et aux insecticides, le diagnostic et le traitement, l’engagement communautaire et le financement. Le professeur Feachem a examiné cinq d’entre eux et était moins confiant sur le développement de vaccins :
Le professeur Richard Feacham à la conférence sur le paludisme : de quoi avons-nous besoin pour éradiquer le paludisme ? management management management
Philip Welkhoff, de la Fondation Gates [fr], a apporté son expérience dans la lutte contre d’autres maladies:
Exposé fantastique du Dr Philip Welkhoff de la Fondation Gates cet après-midi. Nous devons nous concentrer sur la fourniture d’un mix sur mesure d’interventions ciblées. La surveillance génétique permet de savoir où, quand et comment les déployer
Shaz Sivanesan a énuméré une variété de facteurs devant selon elle être pris en considération :
Paludisme, genre et droits de l’homme : nous devons comprendre ce qui les relie. C’est une maladie de la pauvreté. Nous devons étudier l’exclusion sociale, la langue, le sexe, l’âge, le statut juridique et les barrières physiques
La limitation du financement est une préoccupation majeure. L’argument économique en faveur d’un plus grand investissement a fait l’objet de discussions approfondies:
Le docteur Rima Shretta présente l’investissement mondial pour éliminer le paludisme : avantages socio-économiques de 4.1 mille milliards de dollars américains, offrant un retour sur investissement de 40 pour 1 et 4,5 millions de vies sauvées. C’est tout vu !
Les titres que nous aimerions voir un jour ! Présentation de Rima Shretta sur le calcul de l’investissement pour l’élimination et l’éradication du paludisme – et comment nous pouvons changer le cours de l’histoire
Devrions-nous faire un autre type de plaidoyer pour investir dans le paludisme? Oui
Nouer le dialogue avec la population et la société civile. Instruire les parlementaires. Reformuler l’argument pour parler leur langage
L’importance du dialogue communautaire a été un thème récurrent. Le rôle du volontariat a été souligné, mais cela a des problèmes en soi, dont le financement :
Le professeur Manderson souligne que les efforts de bénévolat communautaire pour mettre un terme au paludisme supposent que le temps et la disponibilité sont élastiques et incombent de manière disproportionnée aux femmes. Mais ceci n’est pas soutenable pour les femmes impliquées, elles ont besoin d’un soutien financier.
Solutions miracles et preuves probantes
La recherche de nouveaux médicaments pour traiter les patients infectés reste une priorité. Par exemple, la tafénoquine est saluée comme la dernière percée en termes de rapport coût-efficacité et de facilité d’utilisation :
Si ce nouveau médicament contre le paludisme, la tafénoquine, obtient une évaluation positive, elle réduira drastiquement les coûts de traitement et les taux d’infection, dit Isabelle Borghini
Cependant, c’est l’un des médicaments au centre d’une controverse concernant des essais sur les membres des forces armées australiennes. L’Association des anciens combattants et leurs familles de la Quinoline (QVFA) est une association de base d’anciens combattants :
Stuart McCarthy, membre de la QVFA, et d’autres membres ou sympathisants ont tweeté tout au long du congrès sur le sujet mais ont reçu très peu de réponses :
Pour les participants à la conférence sur le paludisme : la tafénoquine :
“Je crois que si une commission royale d’enquête était établie demain, elle trouverait vraisemblablement que les médicaments de l’armée australienne ont plus tué ou handicapé de façon permanente de soldats australiens que les talibans …”
L’article lié dans ce tweet concerne les appels récents à une enquête de la part de deux membres fédéraux du parlement australien.
Idées innovantes
Le maquis de science et de politique a recelé deux solutions créatives concernant des programmes de terrain.
Sibo est une initiative éducative de l’Institut de lutte durable contre le paludisme de l’Université de Pretoria.
Sibo diffuse sa connaissance du paludisme à la conférence sur le paludisme à Melbourne.
Lire son histoire en ligne
Camilla Burkot tente une réflexion latérale avec les MILD, des moustiquaires imprégnées d’insecticide de longue durée (juste un exemple d’innombrables initiatives souvent obscures qui parsèment la conférence) :
Je suis frappée de ce que l’exemple des filets à moustiques détournés pour la pêche revient encore et toujours…. curieuse si quelqu’un a déjà essayé la distribution de vrais filets de pêche aux côtés des MILD pour combiner moyens de subsistance et stratégie de prévention du paludisme ??
Messages à emporter
Des chercheurs du co-hôte, le Burnet Institute, ont partagé leurs impressions :
Alors que la conférence sur le paludisme tire à sa fin, deux chercheurs de Burnet partagent les idées qu’ils ramèneront chez eux.
La conférence s’est conclue par une Déclaration d’action. Ses priorités clés sont:
1. Penser de manière créative en dehors des solutions existantes et promouvoir l’innovation scientifique et sociale.
2. Engager les communautés vulnérables et la société civile.
3. Écouter, puis agir collectivement.
4. Être responsables. Faciliter les échanges et les relations intersectorielles.
5. S’engager à mobiliser un financement accru et soutenu.
Si vous souhaitez lire davantage des 4000 tweets émis, le journaliste de santé Alistair Quaile @aliquaile a créé un ‘Twitter Moments’ qui rassemble certains des faits saillants.
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Ce billet de Kevin Rennie que j’ai traduit de l’anglais a été publié le 17 juillet 2018 sur le réseau globalvoices.org.