Camp BoiroPolitiqueSékou Touré
A la Une

Camp Boiro : les oubliés d’une époque sanguinaire

Le Camp Boiro, lieu de concentration du régime Sékou Touré, est le symbole d'une époque sombre de l'histoire de la Guinée. Marquée par des séquelles de répression, de violences atroces et des violations des droits humains.

Établi sous un régime tyrannique dans les années 1960, ce camp de détention a accueilli de nombreux opposants politiques, de simples citoyens accusés de dissidence et des innocents pris dans les mailles d’une machine répressive. Les récits des survivants témoignent des souffrances endurées et rappellent l’importance de se souvenir des « oubliés d’une époque tragique ».

Au lendemain de sa construction, le Camp Boiro est devenu un lieu de torture et de douleurs inimaginables. Les détenus y étaient souvent emprisonnés sans procès, victimes de campagnes de peur orchestrées par le régime. Les conditions de détention étaient inhumaines : surpeuplement, manque d’hygiène, rations alimentaires insuffisantes et maladies non traitées y régnaient.

« Pas de nourriture, pas d’eau. Même l’air que vous respirez, si on avait les moyens on allait vous le supprimer pour que vous mourriez plus rapidement et sûrement », raconte l’auteur de « La vérité du ministre ».

La torture et la violence

Les témoignages des ex-détenus révèlent l’ampleur des abus physiques et psychologiques pratiqués au Camp Boiro. La torture était une pratique courante, utilisée pour extorquer des aveux ou pour briser la volonté des prisonniers. Un survivant se souvient :

« Les agents de la sécurité étaient cruels. Ils avaient des méthodes de torture inimaginables. J’ai vu des collègues être battus, électrocutés, et poussés à l’extrême. Nombre d’entre nous n’ont jamais pu raconter leur histoire. »

Ces abus ne se limitaient pas à des actes physiques ; la torture psychologique était omniprésente. Les détenus étaient souvent isolés, privés de contact avec l’extérieur, créant une atmosphère d’angoisse permanente. Les souvenirs de ces années de détention sont gravés dans l’esprit de ceux qui ont survécu : « Chaque jour était une lutte pour ne pas perdre espoir, pour croire que la liberté existait encore quelque part. »

Un héritage de douleur

Après la mort de Sékou Touré en 1984, la Guinée a commencé à faire face à son passé. Toutefois, les blessures laissées par le Camp Boiro sont profondes et continuent de hanter la mémoire collective. Le silence qui a entouré ces événements pendant des décennies est progressivement rompu, mais de nombreux survivants se sentent toujours oubliés.

« On leur avait appliqué l’électricité. Allongés sur une natte, jambes écartées, des électrodes avaient percés leurs oreilles, leurs nez, leurs bouches. Leurs [bourreaux] doigts avaient été introduits dans leurs [femmes] vagins et le courant les avait traversé. De ces séances, elles étaient sorties de sang », a témoigné Amadou Diallo, survivant du camp de la mort de Sékou Touré.

Les efforts pour documenter les abus des camps de concentrations de Sékou Touré ont pris diverses formes, incluant des initiatives de vérité et de réconciliation.

Les survivants ont toujours clamé « justice et reconnaissance » pour les souffrances qu’ils ont endurées. Ces démarches visent non seulement à honorer leur mémoire, mais aussi à prévenir la répétition de tels actes à l’avenir.

Les témoignages des survivants doivent être entendus et intégrés dans l’histoire nationale afin que ces événements ne soient pas oubliés. La mémoire de ceux qui ont été assassinés sans raison doit-être préserver. Face à l’histoire, il est essentiel de ne pas détourner les regards.

Laisser un commentaire avec Facebook

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Bouton retour en haut de la page