Mon cher ami du Cambodge merci pour ta visite
Il y a quelques jours, une de mes plus grandes joies a été de constater que le premier lecteur de mon blog était au Cambodge, non seulement parce toute visite est une grande source de plaisir pour un blogueur, mais précisément parce que celle-là venait d’un pays qui m’est particulièrement cher.
De toute ma carrière professionnelle aux NU, l’année 1992/93, que j’ai passée au Cambodge dans le cadre
de la mission pour la paix, [Autorité provisoire des Nations unies au Cambodge (APRONUC ou en anglais: United Nations Transitional Authority in Cambodia (UNTAC)] a été celle que j’ai vécue avec le plus d’intensité, mais aussi avec le plus de satisfaction. On passait des journées entières en pleine brousse en ne mangeant que des bananes ou du mais, exposés à des morsures de serpents, des piqûres de moustiques ou de scorpions, d’abeilles et surtout des grenades anti-personnel. Lorsqu’on organisait les séances d’éducation civique, il arrivait d’entendre des déflagrations. Il y avait aussi ces rumeurs selon lesquelles les khmers rouges avaient fixé des prix pour chacun de nous qui aurait été tué par leurs bandes, selon que l’on était membre du personnel local ou international.
J’étais responsable adjoint pour l’organisation des élections dans la province de Kandal, qui entoure la capitale Phonm-Penh. Mes fonctions comprenaient la coordination et la supervision des volontaires de l’ONU, l’identification et la formation du personnel électoral, l’éducation civique de la population et les relations avec les médias.
Les résultats ont été à la hauteur de notre attente. Le jour des élections, je suis allé à Takmau, la capitale de la province dans laquelle, nous devions les organiser. Voici comment je découvrais cette journée que je n’oublierai jamais dans un article publié en août dernier sous le titre Cambodge: La LICADHO arbitre dans le Comité électoral national. La LICADHO est la Ligue cambodgienne pour la promotion et la défense des droits de l’Homme. Extrait:
Le jour des élections, il a tellement plu que j’étais découragé. Je suis allé au bureau comme d’habitude à 6 heures du matin. Convaincu que les électeurs ne se seraient pas déplacés, je n’ai commencé mon tour des bureaux électoraux que vers 9 heures, soit 2 heures après le début des opérations. Lorsque j’ai vu les files d’électeurs qui étaient longues de plusieurs centaines de mètres, je me suis dit que c’était une exception due au fait que c’était la zone la plus habitée, au 2ème bureau, lorsque j’ai vu que là aussi il y avait des centaines d’électeurs qui attendaient patiemment leur tour, je ne me rappelle plus quelle excuse j’avais trouvée pour l’expliquer. J’étais pressé de voir ce qui se passait dans les autres bureaux. Partout, c’était la même chose malgré la pluie, la boue et les difficultés de transport. En voyant cette affluence qui dépassait toutes nos attentes, je me suis senti abattu. Une fatigue s’était emparé de tout mon corps. Notre travail était entrain de réussir du point de vue purement de l’organisation technique des élections. On s’y était donné corps et âme. Lors de ma dernière conférence d’éducation civique, plus de 3500 villageois étaient venus pour m’écouter. Des jeunes étaient même montés sur les arbres.
Tandis qu’au niveau national, les résultats ont atteint 90 pour cent [de participation des inscrits], dans notre province, nous avons enregistré plus de 92 pour cent et avec seulement 2 pour cent de bulletins nuls ou blancs. C’est la plus grande satisfaction de ma carrière aux Nations unies. On a obtenu ces résultats grâce au fait que les signataires des Accords de Paris avaient respecté leur engagement et la population a joué son rôle jusqu’au bout.
Merci ami du Cambodge d’avoir réveiller ces souvenirs!