Sénégal: La parité sur les listes se traduira-t-elle par un parlement plus féminisé?
Au moment où le Comité des Nations Unies chargé de veiller à l’application de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (la CEDAW) s’apprête à célébrer son 30ème anniversaire lors d’une réunion qui se tiendra à New York le 9 juillet, les sénégalais sont conviés aux urnes pour des élections législatives historiques ce 1er juillet. En effet, pour la première fois dans l’histoire démocratique de leur pays, les partis politiques étaient obligés d’appliquer la loi sur la parité stricte entre hommes et femmes dans les listes de leurs candidats, sous peine d’être rejetées.
Lors de l’adoption de la loi sur la parité, en 2010, Elodie ADOU avait écrit sur djibitv.com:
L’Assemblée nationale du Sénégal a adopté un projet de loi visant à instituer la parité absolue homme-femme dans toutes les institutions totalement ou partiellement électives.
… Dans son article 2, il stipule que « les listes sont alternativement composées des deux sexes.“Les listes de candidatures doivent être conformes aux dispositions » de cette loi « sous peine d’irrecevabilité », selon des source parlementaire. Le projet de loi sur la parité homme-femme a été adopté par la majorité des députés dont seulement trois ont voté contre.
Les partis ne pouvaient donc pas ignoré cette loi, bien que certains d’entre eux aient présenté les candidates dans des circonscriptions difficiles à gagner. Elles ne seront probablement pas nombreuses à entrer au parlement. N’importe, ce sera une prochaine fois. L’important c’est que la loi soit respectée. Les leaders des partis finiront bien par comprendre qu’il est de l’intérêt de tous que la parité soit rendue effective.
Les initiatives et les appels pour une forte participation aux élections ont été lancé par les médias et la blogosphère. Ainsi, les hashtags #sunu2012 #senegal font le buzz en ce moment aussi bien sur Facebook, Tweeter que les blogs personnels.
IjahManNattySeydi @NattySeydi a écrit sur Tweeter:
n’oubliez pas d’aller voter ce dimanche pour choisir vos deputes c’est tout aussi important que l’election d’un president
#sunu2012#senegal
La page Facebook sunu2012 « Je VOTE et je préserve mon PAYS », compte près de 4000 fans. Parmi les différentes interventions, celle qui a retenu le plus mon attention est celui de senegalmedias.blogspot.com qui a première vue n’a pas trait directement aux élections, car il traite de la pénétration des NTIC au pays de la Teranga.
Les médias sociaux ne peuvent jouer un rôle important dans la vie politique et sociale d’un pays que si leur diffusion atteint un seuil significatif. Pour le Sénégal, si ce seille n’est pas atteint, on y approche. On apprend, en effet, que Facebook compte 712 880 utilisateurs soit une pénétration de 5,06% de taux pénétration dans la population totale, 77,24% de taux pénétration de la population en ligne. Ces chiffres placent le Sénégal au 9ème rang africain pour le nombre d’utilisateurs et au 88ème rang mondial pour le nombre d’utilisateurs. Avec 1 989 396 utilisateurs d’Internet, les internautes qui appuient dans leur grande majorité la loi sur la parité, leur nombre actuel leur permet de jouer un rôle de catalyseur pour la mobilisation des électeurs et aussi pour la surveillance dans le processus électoral.
Au-delà du Sénégal, il faut dire que d’une manière générale, au niveau mondial, selon des données établies par l’Union interparlementaire à partir d’informations fournies par les parlements nationaux, à la date du 31 mai 2012, 32 pays comptaient plus de 30 % de femmes à la chambre basse de leur parlement, dont neuf pays avec un chiffre de 40 % et plus. Parmi les pays ayant un fort pourcentage de femmes élues il y a de nombreux états de notre continent. Des 7 pays les plus performants, le premier au niveau mondial est le Rwanda avec 56,3 pour cent, suivi des Seychelles avec 43,8 (5éme), de l’Afrique du sud avec 42,3 (7ème). Mais de nombreux autres pays africains ont atteint et même dépassé les 30 pour cent. On compte, en effet, en tout 7 pays d’Afrique sub-saharienne. En plus de ceux déjà cités, il y a le Mozambique avec 39,2 pour cent au douzième rang, l’Angola avec 38,2 pour cent au 15ème au niveau mondial, la Tanzanie avec 36,0 pour cent, 18ème, l’Ouganda aavec 35 pour cent au 19ème, le Burundi avec 30,5 pour cent au 29 rang.
Un taux de présence de 30 pour cent est considéré par l’UIP comme ce seuil critique, les femmes peuvent peser davantage sur l’agenda politique dans leur pays.
Il est triste de remarquer dans ce classement que malgré les révolutions qui ont eu lieu en Afrique du nord, l’Algérie, le premier pays de cette sous-région, n’est que 26ème avec 31,6 pour cent de femmes au parlement.